
Le respect de l’Accord de Paris reste la cible des objectifs mondiaux de limitation du réchauffement climatique. Toutefois, face au risque de dépassement de ces objectifs, il est nécessaire de se préparer à un réchauffement climatique à + 4 °C à 2100.
L’adaptation au changement climatique et l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre doivent donc constituer les deux volets indispensables et interdépendants de toute politique climatique.
Derrière la trajectoire de réchauffement d’une France à + 4 °C en 2100 se cachent plusieurs réalités à prendre en compte dans toute stratégie d’adaptation.
D’une part, ce chiffre constitue une moyenne annuelle et masque des disparités saisonnières importantes. En effet, pour une température moyenne de + 4 °C, les écarts de températures pourront être encore plus importants. Cette réalité sera notamment prégnante l’été, des étés à la température largement supérieure aux normales de saison n’étant pas à exclure à lafin du siècle. Et elle ne doit pas également occulter la possibilité d’hiver plus froids qu’actuellement du fait du possible dérèglement de phénomènes climatiques naturels.
D’autre part, une augmentation des températures moyennes de + 4 °C à horizon 2100 se traduira de manière différenciée sur l’ensemble du territoire national. Dans le sud de la France, déjà marqué par de fortes chaleurs, l’augmentation des températures sera plus soutenue encore : en Occitanie par exemple, les températures progresseront de 2 °C en 2030 pour atteindre + 4,1 °C à la fin du siècle.
Enfin, l’impact d’un réchauffement à + 4 °C n’est pas limité à des variations de températures. Ce réchauffement va affecter l’ensemble des équilibres naturels de notre pays et avoir des conséquences environnementales dont beaucoup sont encore imprévisibles. Le principal impact de ces évolutions climatiques sera par exemple la modification du cycle de l’eau.
En Occitanie, déjà frappée par une sécheresse dans son climat actuel, la diminution projetée des précipitations en période estivale d’ici 2100 atteindrait de l’ordre de – 25 % (valeur médiane). Le début d’année 2024 a puissamment illustré ces paradoxes territoriaux appelés à se multiplier : au moment où le Pas-de-Calais était frappé par des inondations exceptionnelles, les Pyrénées-Orientales entamaient leur deuxième année de sécheresse et de restrictions d’eau.
L’érosion du littoral accélérée par la montée du niveau de la mer, les problématiques de retrait et de gonflement des sols argileux, l’augmentation de la fréquence des incendies, l’intensité des inondations sont autant de phénomènes qui commencent déjà à produire des effets sur l’aménagement du territoire, les capacités de notre système assurantiel, la sécurité des personnes ou notre façon de cultiver et de produire.
Toutes les collectivités ne disposent pas de compétences internes pour construire une analyse de vulnérabilité. C’est la raison pour laquelle l’État, la Banque des Territoires et les opérateurs seront en appui (Cerema, Ademe, agences de l’eau, Météo-France, Office français de la biodiversité, Agence nationale de la cohésion des territoires, Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux).
De nombreuses actions peuvent d’ores et déjà être mises en œuvre par les maires et les collectivités pour réduire les vulnérabilités du territoire en amont et mieux se préparer à répondre aux épisodes de stress et de chocs climatiques à venir.
Par exemple en accélérant les investissements dans le renouvellement des réseaux d’eau pour réduire les fuites ou en renforçant les moyens dédiés à la prévention du risque inondation pour anticiper les futurs phénomènes extrêmes.
Dans certaines situations, il sera également nécessaire de mettre en œuvre de réelles transformations territoriales : par exemple en réaménageant l’espace sur le littoral pour relocaliser certains équipements ou certaines activités trop exposés aux risques.
Pour cela, il revient aux maires et aux collectivités de porter politiquement des exigences fortes en matière d’adaptation pour leur territoire et d’y dédier des moyens budgétaires et humains suffisants pour :
– Intégrer l’adaptation dans les dépenses structurantes en réinterrogeant l’ensemble des investissements de la collectivité sous le prisme d’un climat qui change. C’est en étant vigilants et exigeants le plus en amont possible qu’il est le plus facile et le moins coûteux de garantir que les infrastructures, les bâtiments et les espaces publics construits seront robustes et bien pensés pour un climat plus chaud, plus variable ou plus sec.
– Mobiliser des budgets spécifiques pour l’adaptation pour s’assurer que les actions concrètes d’adaptation (ex. actions de désimperméabilisation, constructions résiliente, déploiement de solutions d’adaptation fondées sur la nature, etc.) soient réellement mises en œuvre avec l’ambition nécessaire en disposant des moyens suffisants pour faire face à l’évolution des risques.
– Dédier du temps et des moyens humains pour mobiliser, animer et piloter les stratégies locales d’adaptation qui demandent avant tout du temps de pédagogie, d’animation, de conduite de projets et de l’expertise. Il est donc indispensable que ces missions puissent être confiées à des agents dont c’est l’attribution principale.
La politique menée au sein de la collectivité d’Argelès-sur-Mer semble éloignée de ces enjeux d’adaptation et les réflexes d’anticipation et de précaution ne prévalent pas. En lieu et place, fleurissent les constructions et les projets pharaoniques sur le littoral − maison de la mer, agrandissement du port de plaisance − ainsi que l’artificialisation de sols et la violation de terres protectrices sur les secteurs de Camp del Cavall et de Charlemagne avec respectivement, la création d’une nouvelle zone économique sur 24 ha et d’un quartier résidentiel sur une zone potentiellement inondable.
Pour en savoir plus : Institut de l’économie pour le climat (I4CE – Institute for Climate Economics), association experte de l’économie et de la finance dont la mission est de faire avancer l’action contre les changements climatiques.
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